Comme chaque histoire à ses débuts, celle du cinéma québécois demeure celle du sacrement et de la parole divine. Plongée dans la modernité par cette antique et vénérable parole de l'Île-aux-Couldres, la poésie verbale de Perrault servit d'abord à jeter les bases d'un cinéma direct perfectionné où des individus étaient invités à raconter leur propre histoire en leurs propres mots sans nul besoin de commentaires ou d'inter-titres, ensuite de manifeste pour tout un cinéma qui s'érigerait autour de ce témoignage de la mémoire. Baptisé dans ce long fleuve du cinéma-vérité, le cinéma québécois allait rapidement se tourner vers la fiction et délaisser progressivement ce premier chantre de l'identité nationale. Du parler au sur-parler, d'un naturalisme déroutant aux déconstructions à l'européenne, il y a cependant un certain filon qui soit demeuré en pleine lignée de cette origine: l'Office Nationale du Film. Contrainte depuis plusieurs années à ne produire que s d'animation rappelons l'immense héritage que McLaren, Hébert et comparses ont laissé et ces mêmes documentaires qui firent jadis son apogée, l'ONF demeure le plus souvent dans l'ombre du documentaire américain et du format plus précipité et énergique qu'offre la télévision. C'est au nom de cet organisme, restreint à évoluer dans un contexte où ses concitoyens fréquentent à peine les salles du cinéma québécois et qui plus est celles présentant du documentaire que Rodrigue Jean a conçu Hommes à louer, une oeuvre magistrale, en marge et empreinte d'une poésie du dire et de la parole qui reste encore à décortiquer depuis que cet Alexis Tremblay débita ses quelques phrases de joual en ...
Autre Titre : Men For Sale USAInterdit au moins de 12 ans