Lorsqu'en novembre 1918, les troupes françaises victorieuses entrent dans Strasbourg, elles sont étonnées de découvrir une ville qui correspond assez peu à l'image véhiculée en France par la presse, la littérature et les déclarations officielles. L'Alsace-Lorraine rêvée, qui pendant quatre décennies avait ponctué les cours des écoles et les discours enflammés des hommes politiques, n'en était pas moins devenue, dès les prémices de la Première Guerre mondiale, l'un des " buts de guerre " de la République qui mobilisa l'ensemble de la nation pour le retour des "provinces perdues " et fut l'une des principales justifications de sa participation au conflit.